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Ramadan : Solidarité et lutte contre la spéculation et la hausse des prix

Les préparatifs vont bon train pour le mois sacré. Equipe gouvernementale et organisations (ODC et Otic) s’attellent aux mêmes tâches consistant à contrôler la hausse des prix et contrer la spéculation  tout en sensibilisant le citoyen à la rationalisation de la consommation.

La Presse — Ramadan, mois de solidarité, de grâce et de piété. C’est aussi la période des grandes dépenses, d’autant que la rupture du jeûne se passe généralement en famille ou avec des amis et est suivie de longues veillées. La spéculation, le monopole et la hausse des prix à l’approche de ce mois sacré sont au rendez-vous et pèsent lourdement sur les budgets des ménages, au point que l’endettement devient inéluctable pour les familles. Cette année, on l’espère du moins, différentes institutions de l’Etat et organisations sont d’ores et déjà à pied d’œuvre pour protéger et prévenir le consommateur durant ce mois sacré qui, paradoxalement, attise la convoitise  des spéculateurs de tous bords.

Le gouvernement veille au grain

Du côté du gouvernement, rien n’a été laissé au hasard avec la tenue, depuis le début du mois de  janvier dernier, d’un Conseil ministériel restreint dédié à l’examen des préparatifs en prévision du mois sacré, sous la présidence du Chef du gouvernement, Kamel Maddouri. A cette occasion, et parmi les questions sur lesquelles ont planché les membres de l’équipe gouvernementale, la constitution d’un stock régulateur des produits de base (viandes, œufs, pommes de terre) et la garantie de leur disponibilité sur le marché en période de pic, en vue de répondre, comme il se doit, aux besoins des consommateurs et surtout préserver leur pouvoir d’achat.

Une panoplie de mesures a été prise à ce propos, dont l’allocation d’une enveloppe de 68,8 MD dans le cadre des préparatifs visant à venir en aide aux catégories démunies bénéficiant du programme «Amen social» pour subvenir à leurs besoins supplémentaires. Il a été aussi décidé de mettre en place un programme spécifique pour l’approvisionnement en produits de première nécessité. Le contrôle sera accentué au niveau  des entrepôts et des unités industrielles et artisanales et les commerçants de détail des produits alimentaires en vue de lutter contre toute forme de spéculation et de faire face aux opérations d’approvisionnement en dehors des circuits légaux.

Des campagnes intensives visant les entrepôts et les magasins spécialisés dans la production laitière et le stockage d’autres produits alimentaires de consommation ainsi que dans les magasins ouverts au public et les marchés ont été programmées en coordination avec les services du ministère de la Santé. L’objectif est de lutter contre la vente de produits alimentaires impropres à la consommation. A cela s’ajoutent le contrôle des abattoirs municipaux et la lutte contre le phénomène de l’abattage anarchique.

A ce propos, et lors de ce CMR, les ministères de l’Agriculture, du Commerce, en coordination avec l’Office des terres domaniales et la Société tunisienne des viandes, veilleront à la multiplication des points de vente « Du producteur au consommateur » durant ce mois sacré. Les ministères de l’Education, de l’Enseignement supérieur, de l’Emploi devront accorder toute l’importance requise aux services de restauration universitaire et scolaire durant le mois sacré.

Il a été aussi décidé de multiplier les campagnes de contrôle conjointes avec le ministère du Commerce sur les routes, les circuits de distribution, au niveau des points de vente en gros et au détail ainsi que des entrepôts et des espaces anarchiques, tout en veillant à accorder l’importance requise à la coordination et au suivi.

En matière d’approvisionnement, le représentant de la Direction générale de la production agricole au ministère de l’Agriculture, Mohamed Ali Ben Romdhan, a annoncé, lors d’une conférence de presse tenue le 30 janvier consacrée aux préparatifs en cours pour le mois de Ramadan, que cinq nouveaux points de vente «Du producteur au consommateur» s’ajouteront à ceux déjà existant dans divers gouvernorats du pays, plus précisément à Soliman (Nabeul), Bizerte, Siliana, Le Kef et Gafsa. De grandes quantités de poulet, d’œufs, ainsi que de la viande rouge seront disponibles en prévision du  Ramadan, a-t-il encore informé.

L’Organisation de défense du consommateur, un programme ambitieux

Du côté de l’Organisation de défense du consommateur (ODC), Ahmed Boubakri, président du bureau régional de Tunis 1, précise à La Presse que des tentes d’information et de sensibilisation à la rationalisation de la consommation seront installées durant le mois de Ramadan. L’empressement conduit systématiquement à l’augmentation des prix des produits de base, a-t-il mis en garde, appelant les citoyens à éviter « la frénésie de consommation ».

Dans cette même optique, il a indiqué que l’ODC espère contribuer à la multiplication des points de vente. «Du producteur au consommateur» durant le mois de Ramadan en coordination avec les chefs des délégations. Pourquoi pas un point de vente pour chaque délégation, s’est-il demandé ? Boubakri explique, d’une autre part que les membres de l’ODC prendront part aux opérations de contrôle menées conjointement avec d’autres parties (ministère du Commerce, ministère de la Santé, services municipaux), appelant à cette occasion à renforcer le contrôle au niveau des canaux de distribution.

Plusieurs membres du bureau régional de Tunis 1 assureront à cet effet des rondes de contrôle dans les marchés et les grandes surfaces pour contrôler de plus près et quotidiennement les prix de vente des produits de consommation durant le mois de Ramadan, et ce, en coordination avec d’autres services. Toutefois, Boubakri déplore à ce propos le manque d’effectif et de moyens mis à la disposition de l’ODC de façon générale pour mener convenablement leurs missions et atteindre leurs objectifs. « On manque terriblement de moyens et de soutien financier », a-t-il regretté. A cet effet, il ajoute que les bureaux régionaux ne disposent pas de locaux en dépit des demandes déposées auprès des conseils municipaux. Cela n’empêche que ces bureaux continuent à assurer le suivi des plaintes transmises par les citoyens, assure-t-il. 

Une campagne sous le slogan «Je n’achèterai pas si  tu augmentes les prix»

Du côté de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (Otic), son président, Lotfi Riahi, a évoqué la problématique engendrée par la mesure prise par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances pour l’année 2025. Il s’agit, rappelle-t-il, de l’exonération des droits de douane de l’entreprise Ellouhoum sur les viandes rouges importées, ce qui est susceptible d’avoir un impact considérable sur le marché de la viande rouge locale, vendue à un prix plus élevé. Le président de l’Otic a appelé le ministère du Commerce à plafonner de nouveau le prix de la viande rouge en vue d’assurer une régulation bien appropriée sur le marché.

Lotfi Riahi s’est félicité de la stabilité des prix de la viande blanche actuellement et  a appelé à multiplier les contrôles pour assurer un stock régulateur sur le marché  avant le mois de Ramadan. Concernant les fruits et légumes, il a préconisé la mise en place d’un dispositif capable de mieux assurer et gérer en toute transparence le transport des produits agricoles des lieux de production aux marchés de gros. Cette mesure pourrait bien mettre terme aux activités de spéculation, aux intermédiaires interférant dans la chaîne de la vente et à la flambée des prix de consommation de première nécessité, explique-t-il.

Certes, le rôle de contrôle incombe à l’Etat, mais il est de notre devoir d’informer les institutions de l’Etat des infractions et dépassements et de sensibiliser le consommateur de manière continue via les réseaux sociaux et les médias, d’autant qu’il manque cruellement d’informations relatives aux fluctuations des prix des produits de consommation, et surtout à ses droits, nous déclare le président de l’Otic.

«Je n’achèterai pas, si tu augmentes les prix» (Intii tghalli Anaa manechrich), c’est le slogan choisi pour la campagne qui sera lancée avant et durant le prochain mois de Ramadan», nous fait savoir Lotfi Riahi. Il faut que le consommateur s’investisse davantage dans cette campagne pour mettre fin à la hausse des prix, car en fin de compte c’est nous qui contribuons à la détérioration de notre pouvoir d’achat si on subit le diktat des vendeurs.

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